L’information au Sahel est un enjeu de paix

Un auditeur répond à une journaliste dans l’émission « Tous à la Fada » du Studio Kalangou au Niger. Apsatou Bagaya/Fondation Hirondelle
Studio Tamani, Fondation Hirondelle

Fondation Hirondelle
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Pendant la dernière décennie, la violence s’est intensifiée dans la région du Sahel. Entre août et septembre 2023, plus de 500 civil·es y ont été tué·es à la suite d’attaques de groupes armés non étatiques, selon INSO. Les coups d’État au Mali, Burkina Faso et au Niger sont en partie attribués à la mauvaise gouvernance qui sévit dans la région. Dans ce contexte, le rôle des médias indépendants dans la prévention des crises multiformes est crucial. Cela implique de fournir une information fiable et inclusive, accessible au plus grand nombre.

La réponse exclusivement militaire de la communauté internationale visant à rétablir la paix dans le Sahel s’est avérée inefficace, ne s’attaquant pas aux causes profondes de l’instabilité de la région. Des domaines clés tels que la stabilité sociale, l’éducation et la sécurité alimentaire ont été les grands oubliés de cette approche. Dans la région, plus de 8000 écoles sont aujourd’hui encore fermées, dont plus de 6100 écoles au Burkina Faso. A cela s’ajoute l’insécurité alimentaire, l’augmentation du coût de la vie et les effets néfastes du dérèglement climatique qui pèsent sur les populations. Le rôle des médias indépendants est justement de couvrir au quotidien ces préoccupations, faire entendre la voix des populations locales et tenter de faire dialoguer toutes les parties prenantes.

Malheureusement, les médias aux Sahel font aujourd’hui face à des défis majeurs. L’écosystème de l’information au Sahel est fragmenté et fragile. Il abrite certes un grand nombre de médias, mais le niveau de professionnalisme de ces derniers est faible, les rendant vulnérables à la récupération partisane. Les régimes militaires ont réduit les libertés d’expression et de la presse, notamment en révoquant des autorisations de diffusion de médias étrangers tels que RFI et France 24, en suspendant des médias locaux et en arrêtant des personnalités publiques suite à leurs prises de position politique. De nombreux médias se sont autocensurés à l’instar des acteur·rices politiques, de la société civile, des expert·es et des citoyen·nes lambda. Cela met à mal toute possibilité de gouvernance inclusive et citoyenne nécessaire au développement de la région.

Une information régionale, diversifiée et fiable

Fausses informations, rumeurs, vidéos détournées, audios manipulés, circulent sur les réseaux sociaux et sont parfois relayés par les médias. Des informations extrêmement confuses émanent aussi bien du terrain que des plus hautes sphères politiques et des citoyen·nes sans aucune considération des règles de base du journalisme. La mésinformation est toute aussi néfaste que la désinformation ciblée. Il est difficile de quantifier la portée des rumeurs et d’en identifier les sources, une grande partie du contenu étant transmise par des canaux comme WhatsApp.

Pour faire face à cette situation, les trois médias de la Fondation Hirondelle au Sahel, Studio Kalangou au Niger, Studio Tamani au Mali et Studio Yafa au Burkina Faso, proposent des rubriques « Fact-checking » ou vérification des faits et d’éducation aux médias. L’organisation propose également depuis ce printemps des coproductions afin de couvrir les défis communs entre les populations de la région et de trouver des solutions en privilégiant les perspectives locales. Les premières productions diffusées en 13 langues sur plus de 173 radios et 12 télévisions avec plus de 8 millions d’auditeur·rices et téléspectateur·rices régulier·es ont porté sur La migration et l’insécurité. 

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