Plaidoyer pour une revalorisation substantielle des opérations de maintien de la paix de l’ONU

Bunyatenge, Nord-Kivu, RDC - Des Casques bleus indiens de la MONUSCO ont organisé une patrouille à Bunyatenge, un village éloigné et isolé du territoire de Lubero. MONUSCO / Force
Conseil Suisse pour la Paix
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La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine a mis en évidence la fragilité dramatique du droit international, dont l’axe principal est la prévention de toute guerre et la garantie des droits humains universels, qui devraient être assurés par les Nations Unies. En raison du droit de veto de la plus grande puissance nucléaire du monde, aucune mesure n’a pu être prise pour mettre fin à la guerre ou pour sanctionner les crimes de guerre, mais l’ONU, que ce soit via l’Assemblée générale ou le Conseil de sécurité, s’est limitée à des résolutions déclamatoires.

Il est urgent aujourd’hui de renforcer l’ONU et ses organes de promotion de la paix, ce qui implique non seulement une réforme en profondeur des Nations Unies (par exemple la suppression du droit de veto des puissances nucléaires), mais aussi ses moyens de promotion de la paix. La Suisse pourrait contribuer davantage à cet objectif essentiel, non seulement dans la coopération internationale (CI), pour laquelle 11,45 milliards de francs sont prévus selon les valeurs de référence du plan financier 2025-2028 (à peine un tiers du montant prévu pour l’armée), mais également en renforçant ses efforts dans des domaines tels que le déminage humanitaire et la recherche de personnes disparues, qui revêtent une importance accrue compte tenu de la guerre en cours en Ukraine. Elle pourrait aussi et surtout s’impliquer pour la promotion militaire de la paix, c’est-à-dire soutenir les missions de maintien de la paix de l’ONU (Peace Keeping), qui visent à empêcher l’escalade des conflits dans les zones de crise, garantir la sécurité de la population et permettre la promotion civile de la paix.

La Suisse est active au Liban, en Syrie, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Mali, au Cachemire ou au Sahara occidental, mais avec un total d’environ 280 observateur·trices militaires. Elle pourrait ici développer considérablement son engagement de deux manières: premièrement, avec de véritables troupes, comme c’est le cas pour la KFOR en Bosnie, qu’elle met à disposition de l’ONU pour ses missions importantes. Deuxièmement, avec un soutien financier substantiel et durable aux missions de paix de l’ONU. Ces dernières souffrent en effet de plus en plus d’un sous-financement, comme le constate de manière alarmante le Secrétaire général de l’ONU António Guterres, ce qui met en péril leurs missions les plus minimes. Dans l’ensemble, il serait temps de lancer un nouveau projet de casques bleus. Bien que la Suisse soit membre de l’ONU depuis plus de vingt ans, elle n’a pas développé sa participation aux missions de maintien de la paix de l’ONU. Les priorités dans la conception de l’armée devraient donc enfin être réorientées. Nous devons entretenir la solidarité internationale à bien des niveaux.

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