Le financement des médias est aujourd’hui un enjeu démocratique global. Lors de conflit, les médias ayant les moyens de fonctionner de manière indépendante et professionnelle peuvent jouer un rôle clé pour recréer de la confiance et du dialogue au sein de la population, première étape vers le retour à la paix.
L’évolution des médias vers des supports principalement numériques d’information a provoqué une longue crise de leur financement, dans toutes les régions du monde. Cette crise s’est souvent soldée par leur rachat par de grands groupes industriels en quête d’influence politique. Au Nord comme au Sud, les modèles économiques de l’information indépendante sont ainsi à réinventer.
L’information écrite, autrefois payante sur des supports papier, est longtemps restée gratuite en ligne. Les revenus publicitaires, qui ont d’abord chuté, se sont ensuite revigorés mais ont été absorbés aux deux tiers par les géants de l’économie numérique. Dans les pays riches où existe un Etat de droit suffisamment doté, des médias de service public permettent de contrebalancer en partie cette situation. Les médias en ligne indépendants, c’est-à-dire financés principalement par leurs rédacteur·rices ou leurs lecteur·rices, parviennent également à se développer via des systèmes d’abonnements, de dons et parfois de subventions publiques.
Dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires, surtout s’il s’agit de pays autoritaires ou en crise, ces modèles ne sont pas viables ; et l’aide internationale au développement des médias ne représente qu’une goutte d’eau (moins de 500 millions de US$ par an, soit 0.3 % de l’aide mondiale au développement) ce qui ne suffit pas à pérenniser des médias sortant de l’emprise de grands intérêts économiques ou politiques.
Une trop grande dépendance financière auprès d’une source unique de financement, peut porter atteinte à l’indépendance éditoriale nécessaire au travail des journalistes. Cette indépendance est d’autant plus vitale dans des pays en conflits, où les médias sont parfois utilisés comme partie prenante permettant de diffuser la propagande de chaque camp. Cependant, il ne peut y avoir de média sans financement.
La Fondation Hirondelle mène des travaux de recherche afin de trouver des alternatives et propose de nouveaux modèles de gouvernance, réinvente de nouveaux modèles de financement et combine des moyens traditionnels et plus créatifs de génération de revenus. Ces travaux et expériences s’appliquent à des pays en conflit ou difficulté économique où la Fondation Hirondelle intervient depuis 28 ans pour soutenir le travail des journalistes locaux et favoriser l’accès à une information fiable pour les populations confrontées le plus directement aux crises et aux conflits.