Promouvoir l’autonomie des femmes – Un regard sur les projets de SWISSAID

Groupe de femmes en Inde, dans l’Etat du Marathwada, faisant partie d’un projet sur l'égalité des genres. SWISSAID
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« How COVID-19 impacts women and girls » « COVID-19 and violence against women: What the data tells us » « Canadians feel less safe than before COVID and say governments are to blame: poll » « One in five young women feels more unsafe in public since pandemic began »

Interview avec Daniele Polini, expert genre chez SWISSAID

Politiques défavorables, lourdes traditions culturelles, pandémie ; les percées mondiales en termes d’égalité hommes femmes semblent devenir de lointains souvenirs. Il est donc d’autant plus important de travailler sur le renforcement de l’autonomie des femmes. Daniele Polini, expert genre chez SWISSAID, revient sur les récentes évolutions et l’impact des projets SWISSAID sur les femmes.  

De manière générale, comment la situation des femmes a-t-elle évolué dans la société ces dernières années ?

Malheureusement la situation est préoccupante. Les politiques conservatrices radicales entravent les progrès recensés dans certains domaines, y compris celui des droits des femmes. Les Etats-Unis en sont un exemple actuel flagrant. Selon l’ONU, l’objectif de développement durable (ODD) 5 – l’égalité des sexes – à atteindre d’ici à 2030, est compromis. C’est aussi ce que SWISSAID constate à travers son travail dans ses pays d’intervention.

A quoi cela est-il dû ?

Les crises sanitaires, climatiques et humanitaires de ces dernières années ont malheureusement été accompagnées par une recrudescence de la violence envers les femmes, particulièrement dans les régions rurales. Plusieurs études (liens en barre d’information) notamment d’ONU Femmes, révèlent que les femmes se sentent moins en sécurité aujourd’hui qu’avant la pandémie. Cette situation est due à plusieurs facteurs, tels que le stress généré par la hausse des prix et le système inégalitaire de revenus sur lequel repose de nombreux foyers. Particulièrement lorsqu’il n’y a qu’un revenu par ménage, la précarité entraîne souvent de la violence domestique.  

Comment SWISSAID lutte-t-elle concrètement contre ces difficultés ?

Ces dernières années, nous avons intensifié notre travail sur l’autonomisation des femmes. Les réussites observées dans certains pays ont ensuite été transférées et adaptées à des projets menés dans d’autres pays. Par exemple, la sensibilisation contre la violence à l’égard des femmes et des filles en Inde et en Colombie est désormais répliquée au Niger et en Équateur. Bien que les mentalités changent lentement, nous constatons déjà des évolutions positives. SWISSAID apporte également un soutien considérable aux organisations de femmes en renforçant leurs infrastructures et les membres qui les composent, notamment par des cours d’alphabétisation ou de gestion de budget.

Et quel rôle jouent les hommes ?

Dans la mesure où les hommes jouent un rôle essentiel à l’émancipation des femmes, tous nos projets intègrent leur participation. Le fait de les sensibiliser à l’importance de l’autonomie des femmes, et l’impact que cela peut avoir sur leurs finances, la société ou l’éducation des enfants, les rend plus réceptifs à encourager cette évolution. Au Niger, par exemple, des groupes d’hommes se sont formés afin de discuter des inégalités, comme de l’écart entre l’emploi du temps des hommes et celui des femmes. La prise de conscience des conséquences néfastes de ces inégalités sur toute la société a poussé beaucoup d’hommes à soutenir leurs femmes dans leurs tâches quotidiennes et contribue à réduire les violences à caractère sexiste. Ce soutien supplémentaire apporté aux femmes réduit leur charge de travail domestique et leur permet ainsi de se consacrer à d’autres activités, comme la vente de leurs produits sur le marché, ce qui augmente le revenu des ménages.

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