La Suisse et l’horloge de l’apocalypse

Le président de l'Ukraine au sommet du G20, Jakarta Raya, Indonésie, octobre 2022. Wikimedia Commons
Basel Peace Office

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Article de The White House: "G20 Bali Leaders’ Declaration"

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a accru le risque de guerre nucléaire, surtout en Europe. Le président Poutine a menacé à plusieurs reprises d’utiliser des armes nucléaires pour tenter de contraindre l’Occident à accepter son annexion du territoire ukrainien, et les États-Unis ont décidé de renforcer leurs armes nucléaires déployées dans les pays de l’OTAN. La menace nucléaire s’accroît également en Asie de l’Est et du Sud, par exemple dans le cadre du conflit sur Taïwan entre la Chine et les États-Unis et en raison des provocations nucléaires de la Corée du Nord, ainsi qu’au Moyen-Orient.

La Suisse a des possibilités uniques de « faire ralentir les aiguilles de l’horloge de l’apocalypse ». Ces possibilités découlent de sa position de pays neutre qui accueille l’un des principaux centres des Nations unies (à Genève), du rôle positif que la Suisse a joué dans la médiation de conflits liés aux armes nucléaires par le passé, et du fait que le pays a entamé un mandat de deux ans au Conseil de sécurité de l’ONU depuis 1er janvier 2023.

Dans un document récemment publié intitulé « The Doomsday Clock and Switzerland as a neutral country », le nouveau membre de KOFF, Basel Peace Office, a formulé une série de propositions d’actions concrètes que la Suisse pourrait promouvoir en 2023-2024 au Conseil de sécurité de l’ONU, au Conseil des droits de l’homme, à la réunion du Traité de non-prolifération nucléaire, au Sommet du développement durable de l’ONU, à la réunion du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TPNW) et au Sommet sur l’avenir de l’ONU. Ces propositions visent notamment à ce que la Suisse :

1) appelle tous les États dotés de l’arme nucléaire et leurs alliés à réaffirmer qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée, et à mettre cela en œuvre en adoptant des politiques visant à ne jamais déclencher une guerre nucléaire (politique du non-recours en premier) ;

2) appelle tous les États à s’engager à l’élimination totale des armes nucléaires au plus tard en 2045, date du 100e anniversaire des Nations Unies ;

3) demande aux puissances nucléaires de réduire leurs budgets consacrés aux armes nucléaires et à tous les autres de cesser d’investir dans cette industrie et de réorienter leurs investissements vers la santé publique, la protection du climat, la paix et le développement durable.

La Suisse peut trouver un soutien à ces appels dans les principaux organes de droit international, notamment à la Cour internationale de justice et au Comité des droits de l’homme de l’ONU, qui ont affirmé que la menace ou l’utilisation d’armes nucléaires est illégale et que les États ont l’obligation de parvenir à l’élimination mondiale des armes nucléaires dans le cadre d’un accord et d’un contrôle internationaux.

En outre, les dirigeant·es des pays du G20 (qui comprend 6 pays dotés d’armes nucléaires et 7 pays alliés nucléaires) ont convenu, lors du sommet du G20 à Bali en novembre 2022, que « l’utilisation ou la menace d’utilisation d’armes nucléaires est inadmissible(…). La résolution pacifique des conflits, les efforts pour faire face aux crises, ainsi que la diplomatie et le dialogue, sont essentiels. L’ère d’aujourd’hui ne doit pas être celle de la guerre ».

Le Basel Peace Office propose également que le gouvernement suisse adhère au TPNW et encourage d’autres États à réduire leur participation à l’industrie nucléaire, comme la Suisse l’a (presque) fait suite à l’adoption de la loi suisse sur le matériel de guerre de 2013. 

Les membres de la société civile peuvent soutenir ces idées en approuvant le « Protect People and the Planet : Appel pour un monde sans armes nucléaires. »

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