Fonds des oligarques et bénéfices de guerre

Février 2022, membres du GSsA devant l'ambassade de Russie à Berne. GSsA
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La Suisse a participé à l’armement de la Russie. Elle a une lourde dette envers l’Ukraine.
La guerre de la Russie contre l’Ukraine entraine la mort de milliers de personnes et cause d’énormes dégâts. Fin 2022, les coûts de la reconstruction ont été estimés à 750 milliards de francs. Le gouvernement de Poutine détruit l’Ukraine avec une machine de guerre que la Suisse a massivement alimentée – et continue d’alimenter. Sans les milliards générés par le commerce des matières premières, de tous les oligarques et des banques, le régime de Poutine n’aurait pas pu financer cette guerre et ses bombardiers pourraient difficilement décoller sans les biens à double usage suisses.

Capitalisme et mafia du KGB
Lorsque l’Ukraine et ses pays voisins d’Europe de l’Est, mais aussi les Etats-Unis, demandent à la Suisse d’utiliser pour la reconstruction une partie des 200 milliards de la fortune des oligarques placée en Suisse, ils ont tout à fait raison. Les références aux sacro-saints droits de propriété sont discutables. Les oligarques doivent leur richesse à un système que Catherine Belton qualifie dans son livre de 700 pages « Les hommes de Poutine » (Harper Collins 2020) de capitalisme mafieux du KGB »

N’oublions pas les réserves de la banque centrale russe, toujours parquées en Suisse, qui s’élèvent à environ 10 milliards de francs. Rappelons également les sommes importantes de la Confédération, des cantons et des communes dans lesquels le « poutinisme économique » s’est largement répandu.

Impôt sur les bénéfices excédentaires des matières premières par les multinationales
Une source peu discutée d’aide à la reconstruction est l’imposition des surprofits réalisés grâce à la guerre. La raréfaction des sources d’énergie comme le gaz, le pétrole et le charbon a permis aux groupes de matières premières et d’électricité de réaliser des bénéfices massifs. Ainsi, le zougois Glencore a vu ses bénéfices réalisés au premier semestre de 2022 augmenter de 7 milliards de dollars par rapport à l’ensemble de l’année précédente.  Les genevois Trafigura, Gunvor et Vitol ont également réalisé un bénéfice de plus de neuf milliards de dollars au premier semestre 2022, contre huit milliards pour toute l’année 2021. Tous ces bénéfices générés suite à la guerre ont largement dû dépasser les 50 milliards de francs en Suisse l’année dernière.

Un instrument palliant à cela est déjà connu depuis les guerres mondiales : l’impôt sur les bénéfices exceptionnels introduit par les Etats-Unis. Les gains aléatoires basés sur l’effort de guerre étaient prélevés jusqu’à 95 pour cent. L’année dernière, une série de pays comme la Belgique, l’Italie, l’Espagne, la République tchèque et la Grande-Bretagne ont introduit ou annoncé cet impôt spécial. En Suisse, Balthasar Glättli (des Verts) a déposé une initiative parlementaire pour sa création. Cependant, les mêmes citoyen·nes qui ont soutenu directement ou indirectement le réarmement de la Russie s’y sont opposés.

Un tel impôt, qui rapporterait des dizaines de milliards, pourrait en outre être utilisé pour atténuer la hausse des prix de l’énergie auprès des ménages et pour développer la protection du climat. Il permettrait de renforcer notre solidarité avec l’Ukraine, la politique sociale intérieure et la protection de l’environnement.

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