Pas de neutralité face aux graves violations du droit international public

Pixabay/Wilfried Pohnke
Conseil Suisse pour la Paix
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Conseil Suisse pour la Paix

L’année dernière, la guerre de la Russie contre l’Ukraine a soudainement remis la neutralité de la Suisse en question, au moment où elle allait se faire élire pour siéger au Conseil de sécurité de l’ONU. Il s’agissait en premier lieu de sa neutralité politique, mais aussi, au vu de l’ampleur de la situation de guerre, de son noyau essentiel, sa neutralité militaire. Sous pression des sanctions européennes contre la Russie, le Conseil fédéral n’a pu faire autrement que de se positionner clairement contre l’attaque russe et s’est engagé pour la reconstruction de l’Ukraine et l’accueil des réfugié·es. La Suisse a toutefois refusé toute solidarité concernant un soutien minimal à la résistance ukrainienne. Ainsi, la Confédération n’a même pas autorisé le transfert par l’Allemagne de munitions destinées à repousser les raids aériens russes à l’impact dévastateur sur les infrastructures civiles de l’Ukraine durant l’automne et l’hiver 2022.

Contrairement à la Finlande et à la Suède, qui ont abandonné leur neutralité après le début de la guerre et souhaitent désormais adhérer à l’OTAN, cette option ne se pose pas pour la Suisse. Mais le débat sur une réorientation de la politique de neutralité devrait être approfondi à mesure que la guerre se prolonge. Depuis que la Suisse est membre de l’ONU, elle ne peut plus invoquer l’argument de la neutralité, car la Charte de l’ONU est contraignante à ce sujet; elle condamne non seulement les guerres d’agression, mais exige également le soutien des agressé·es.

Les milieux extrémistes nationalistes ont réagi aux sanctions imposées à l’Ukraine en lançant une initiative dite de neutralité, qui n’autorise des mesures économiques contre des pays que si elles sont clairement imposées par l’ONU. Mais il faudra encore attendre des années avant que cette initiative soit soumise au vote. Lors d’une session spéciale au printemps, les mêmes cercles avaient de nouveau tenté en vain d’empêcher la Suisse de siéger au Conseil de sécurité de l’ONU pour les deux prochaines années, ce qu’ils·elles avaient combattu pendant des années en raison de préoccupations liées à la neutralité. La chance existe désormais de contribuer au maintien de la paix internationale au sein de l’organe suprême de l’ONU par un engagement de politique étrangère exemplaire en faveur de la solidarité et du droit international. Dans le cadre de l’ONU, cela implique toutefois, en tenant compte de la guerre en Ukraine, de s’engager en faveur d’un contrôle renforcé des armements et du désarmement, notamment en ce qui concerne les armes nucléaires; à condition pour cela que la Suisse adhère immédiatement au traité d’interdiction des armes nucléaires.

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